Conférence de Soel-ah Kim, Le féminisme en Corée : du féminisme « old school » à la guerre des sexes

L’incident de Gangnam en 2016, où une jeune femme a été assassinée sans raison par un homme, a révélé les graves problèmes de misogynie en Corée du Sud et a catalysé un mouvement féministe jusque-là invisible. Les « net-féministes » ont intensifié leurs actions avec la stratégie de « mirroring » pour contrer la misogynie. Le féminisme, introduit et soutenu par l’État dans les années 1980-1990, a été affecté par le néolibéralisme dans les années 2000, réduisant l’intérêt pour les études de genre. Confrontées à des réalités difficiles telles que l’inégalité salariale, les jeunes Coréennes ont créé des espaces numériques pour construire une utopie féministe. Le groupe Megalia, né de cet environnement, a montré une agressivité notable, mais s’est divisé, donnant naissance à Womad, un groupe encore plus radical. Bien que ces groupes aient joué un rôle central dans des mouvements féministes majeurs, leur radicalisme a limité leur popularité. Aujourd’hui, le féminisme coréen, bien que modéré dans son ensemble, est dominé par des voix radicales en raison de la pression sociale persistante. La société coréenne doit réfléchir à l’avenir de son féminisme pour surmonter le clivage des sexes actuel et parvenir à une véritable égalité de genre.

Soel-ah KIM, maître de conférences dans le département de langue et littérature françaises à l’université Hongik, est docteure en sciences de l’information et de la communication de l’université Paris-Panthéon-Assas. Intéressée par l’histoire des médias ainsi que par les phénomènes socio-culturels, ses travaux de recherche comprennent l’analyse des sociétés coréenne et française à travers les contenus médiatiques. Récemment, elle a publié un article intitulé “Reassessment of the Empowerment and Crisis of the South Korean Press: Structural Evolution of Media-Politics Parallelism and the Retreat of Press Autonomy, 1987-2022”.