Auteur

Christine Delphy

Editeur

Français : Syllepse
Coréen: Baumealame

Traductrices : LEE Minkyung, KIM Dabom

Genre

Sciences Humaines

Prix

7 000 wons

Date de parution

01.11.2022

À propos de l’œuvre

Qui est l’«ennemi principal» ?
Pour la féministe matérialiste qu’est Christine Delphy, il ne s’identifie ni à l’Homme – avec une majuscule –, ni aux hommes en général. Ce n’est en effet ni une essence ni un groupe naturel : c’est un système. Or ce n’est pas non plus, ou plutôt pas principalement, pour cette théoricienne qui s’inspire de Marx mais dans un parfait esprit d’hétérodoxie, le système capitaliste.
L’ennemi principal, c’est ce qu’elle a choisi d’appeler le patriarcat : à savoir un système autonome d’exploitation et de domination. Christine Delphy a entrepris d’en constituer la théorie, très exactement l’économie politique du patriarcat.
«L’ennemi principal», c’est aussi le titre de l’article de Christine Delphy qui, publié en 1970, la première année du Mouvement de libération des femmes, marque le début d’une révolution dans la réflexion féministe. Elle introduisait l’idée alors totalement nouvelle du patriarcat défini comme structure sociale hiérarchique et inégalitaire, en refusant toute explication de la subordination des femmes en termes idéalistes – que ce soit sur des bases biologiques, naturalistes ou essentialistes, ou bien encore fondées sur l’idéologie ou le «discours».

Que ce féminisme soit un matérialisme signifie que ce sont les pratiques sociales matérielles qui rendent compte de la domination patriarcale sur les femmes.

«La sociologie critique de Christine Delphy dévoile le parti pris androcentrique de la science sociale dominante et met en question sa prétention à l’objectivité», Michael Löwy.

Biographie de l’auteur

Christine Delphy est l’une des représentantes en France du féminisme matérialiste. Après des études de sociologie à la Sorbonne, elle s’installe à Chicago puis à Berkeley aux États-Unis. Elle s’y engage dans le mouvement des droits civiques et elle travaille en 1965 pour la Washington Urban League, une organisation de défense des droits des Noirs. Doctorante de philosophie à Montréal en 1968, elle entre au CNRS en 1970 et est actuellement directrice de recherche émérite. De retour en France, elle participe en 1968 à la construction de l’un des groupes fondateurs du Mouvement de libération des femmes, le groupe FMA – Féminin, masculin, avenir – devenu, en 1969, Féminisme, marxisme, action. Le 26 août 1970, elle dépose à l’Arc-de-Triomphe, avec huit autres féministes (dont Emmanuelle de Lesseps, Monique Vittig et Christiane Rochefort) une gerbe pour la femme du soldat inconnu. Cet événement (qui fait scandale) date la naissance du Mouvement de libération des femmes dans les médias. Cofondatrices de Questions féministes (avec Simone de Beauvoir, 1977) puis de Nouvelles questions féministes (1981), elle introduit en France les idées du féminisme matérialiste et le concept de genre. Elle développe le concept d’économie du patriarcat et décrit le travail domestique comme base d’un mode de production distinct du mode capitaliste. Ces dernières années, elle s’est particulièrement positionnée en défense des droits des femmes musulmanes victimes de stigmatisations. Elle s’engage dans le débat sur le voile islamique dont elle rattache l’interdiction à l’islamophobie qui pour elle a des racines anciennes notamment coloniales mais également sexistes.

Elle a notamment publié L’ennemi principal, t. 1, Économie politique du patriarcat (Syllepse, 1998, en 2009; L’ennemi principal, t. 2, Penser le genre (Syllepse, 2001, 2009; Classer, dominer. Qui sont les autres (La Fabrique, 2008); Un universalisme si particulier. Féminisme et exception française (Syllepse, 2010).

[Sources :Éditions Syllepse (lien)]